10e PCJ. Stunt Woman (Ah Gam dik koo si 阿金) d’Ann Hui (HK/1996) La Nuit Américaine (Day For Night) de François Truffaut (France/1973)

Séance « Cinéma dans le Cinéma ».
Après plus d’un mois d’interruption (dernière séance le 5 mai), voici le Retour des Projections Chez Jacki.
J’ai pu entretemps aller au cinéma voir quelques bons films en salle (+quelques achats DVD intéressants), pour garder mon rythme de cinéphile, dont certains d’ailleurs très intéressants et que je vous invite à aller regarder (voir comptes-rendus).
Mais recentrons nous sur nos projections Chez Jacki, pour une soirée de cinéphiles purs et durs (une petite équipe, noyau dur composé Jacki, Mimi, Manu et Eddie). On présente donc ce soir deux films qui parlent de cinéma, chacun à leur manière, pour deux visions très différentes du 7e Art et de sa fabrication.
On commence donc à Hong Kong et son cinéma typique très porté sur l’action et les cascades, avec le film Stuntwoman d’Ann Hui On Wah (1996).
Ann Hui est une cinéaste hongkongaise méconnue en France, et pourtant elle est une auteur importante de la Nouvelle Vague hongkongaise.
La Nouvelle Vague du cinéma de Hong Kong nait au début des années 80, avec des réalisateurs comme Tsui Hark, Stanley Kwan, Ann Hui, Ringo Lam, Kirk Wong, Patrick Tam, Alex Cheung, Eddie Fong, Clara Law, Lawrence Ah Mon, etc.
Il s’agit pour eux de révolutionner et renouveler le cinéma de Hong Kong, et le sortir des carcans des studios Shaw Brothers ou leurs rivaux, et de la politique du cinéma de genre et d’exploitation, tout en s’inscrivant dedans, malgré leur vision d’un cinéma plus porté sur les auteurs. A cette période, à l’initiative de Tsui Hark, nait la société de production Film Workshop, à qui l’on doit notamment l’éclosion et l’expansion du cinéma mythique de John Woo entre autre. L’œuvre d’Ann Hui (qui a cependant participé à de prestigieuses productions de films d’action comme Swordsman en 1990 et Fong Sai Yuk en 1993, et de nombreux films en actrice), quant à elle, est plus portée sur un cinéma social et d’auteur engagé (très différent des habituelles productions hongkongaises). Après une formation à la télévision, où elle met en place son style, elle réalise depuis 1979 (The Secret, thriller inspiré d’un fait réel et The Spooky Bunch en 1980, film d’opéra chinois et de fantômes) des films (plus d’une vingtaine de longs métrages) qui sont une véritable étude sociale des thèmes de l’identité, de la guerre, de l’émigration, avec une mise en scène à la fois réaliste et épurée, proche du documentaire, mais aussi très sophistiquée. La réalité est un aspect important et essentiel de son cinéma.
Dans Stuntwoman, Ann Hui nous montre tout l’envers du décor et la réalité du cinéma de Hong Kong, et la manière dont il est fabriqué et produit. Problèmes de tournages, et conflits entre les équipes, description précise et détaillée du métier de cascadeur et celui de chorégraphe et son équipe, mise en place des scènes d’action et de cascades, plan-séquence qui livrent une visite guidée parmi les figurants divers sur un plateau de tournage hongkongais, faux-décor pour un film en costumes typique de Hong Kong, description du monde du cinéma et de ses techniciens (très proche de celui des gangsters qui d’ailleurs financent le film sur lequel les héros travaillent et les menacent s’ils ne finissent pas à temps), de leurs beuveries, leurs galères, leur amitié et leur solidarité au sein de l’équipe dirigée d’une main ferme et paternelle par le charismatique Sammo Hung (énorme et trop classe dans ses vestes sans manches ouvertes sur son gros bidon et ses superbes casquettes thaïlandaises). Michelle Yeoh est touchante et gracieuse, mais à cause d’une réelle blessure (lien étroit et ironique entre réalité et fiction) sur le tournage de Stuntwoman lors d’une cascade (celle du saut du pont sur un camion qui roule j’ai cru comprendre), elle occulte très vite tout l’intérêt du film (à savoir les tournages et leur description). Suite à cette blessure et aux complications engendrées, la réalisatrice décide de changer son scénario pour se centrer plus sur le personnage d’Ah Kam, et les relations de l’héroïne avec un playboy chinois pour un mariage raté, et avec le fils de Tung/Sammo Hung, qui meurt de manière impromptue et surprenante, suite à une pirouette scénaristique saugrenue (attaqué par un gangster ridicule et caricatural). Dans la seconde et la dernière partie, le ton du film devient plus alambiqué, par un mélodrame de dernière minute qui ne rehausse pas l’histoire. Celle-ci a bien commencé et a quelques moments forts et sympathiques, mais on sent que la cinéaste perd progressivement le contrôle de son œuvre, à mesure que l’histoire s’enfonce dans l’absurde (la fin sur le bateau pirate dans le parc d’attraction, totalement clichée, montre bien que la frontière entre réalité et fiction est définitivement franchie, avec Michelle Yeoh qui exécute des mouvements totalement surhumains et fantasmés, alors que c’est son métier dans le film de le suggérer. Bizarre mise en abyme). Sinon, mis à part toutes ses faiblesses, ce film est vraiment à voir, et reste intéressant pour ce qu’il nous apprend sur le cinéma de Hong Kong, si souvent mythifié et mystifié.

Je ne connaissais aucun des films de la cinéaste, et Stuntwoman me donne envie de découvrir plus en profondeur l’œuvre d’Ann Hui On Wah, réalisatrice trop peu connue en Occident, mais qui mériterait de l’être. J’ai regardé quelques bandes annonces de ses films (seule matière accessible), notamment celles de Night and Fog (2009) avec Simon Yam qui bat sa femme dans un rôle à contre courant et Jade Goddess of Mercy (2004) une histoire d’amour, et puis Boat People (1982), Story of Woo Viet (1981) et Song of the Exile (1990), films moins récents.
Une œuvre à découvrir.
http://hkmdb.com/db/movies/view.mhtml?id=8210&display_set=eng
http://www.cinemasie.com/fr/fiche/oeuvre/ahkam/
http://www.imdb.com/title/tt0115485/
http://www.variety.com/review/VE1117432515.html?categoryid=31&cs=1&p=0
http://www.bbc.co.uk/films/2001/06/19/the_stunt_woman_1996_review.shtml
http://www.chinesecinemas.org/ahkam.html
http://www.hkcinemagic.com/fr/movie.asp?id=9
http://asia.cinemaland.net/html/actrice/michelle_yeoh.htm
http://www.allmovie.com/work/the-stunt-woman-154697
http://www.sogoodreviews.com/reviews/thestuntwoman.htm
http://fr.wikipedia.org/wiki/Ann_Hui


C’est intéressant de le programmer et de le mettre en relation avec La Nuit Américaine de François Truffaut (1973), second film proposé ce soir, sur la même thématique du « cinéma dans le cinéma » et du « film dans le film ».
‘La Nuit américaine’ est un véritable hommage à la technique cinématographique, contenu dans le titre même du film, qui désigne un procédé de tournage d’une scène de nuit en plein jour (illusion du cinéma). C’est aussi le manifeste de la Nouvelle Vague, qui déclare la fin du tournage en studio pour aborder le cinéma avec plus de réalisme et de proximité.
Truffaut nous livre avec ce film une description détaillée et minutieuse d’un tournage, et d’un plateau de cinéma en France (les studios de Nice plus précisément) avant la Nouvelle Vague et sa politique d’auteurs, et l’arrivée de nouvelles technologies qui permettent de faire du cinéma à moindre frais, avec des moyens et des équipes plus légers. Il nous parle d’un monde révolu et dépassé, celui du cinéma de studio, avec une grande nostalgie (cependant ce monde ne me semble pas si lointain, car les rapports humains décrits par Truffaut sur ce tournage de fiction sont si proches de la réalité, même aujourd’hui, des tournages et du cinéma). Tout au long du film, on sent l’amour de Truffaut pour le cinéma. C’est même une véritable mise en abyme de sa propre vie et expérience cinématographique, puisqu’il se met lui-même en scène dans le rôle du réalisateur, qui se pose des questions sur le sens de son métier, ses enjeux et ses contraintes, le problème de la création d’une œuvre, de la collaboration nécessaire avec une équipe (le cinéma ne se fait pas seul), et des rapports entre les différents membres de celle-ci, et comment concilier et fédérer tous ces individus, toutes ces personnalités autour d’un projet de film, véritable aventure humaine.
Connaissant l’univers des plateaux de tournages, on s’identifie totalement au personnages et leurs problèmes, on comprend de quoi parle Truffaut, qui sait parfaitement restituer l’ambiance effervescente de la fabrication d’un film, et ses situations et personnages spécifiques (les acteurs , leurs égos et leurs problèmes, le technicien/régisseur/accessoiriste boute-en-train et râleur, le réalisateur et ses problématiques de créateur, le producteur et son phrasé efficace et parcimonieux à l’image de ses préoccupations économiques de production, et surtout les filles du tournage : maquilleuse, scripte, assistantes, qui heureusement apportent une touche de fraicheur sur le plateau et désamorcent la tension).
Bon mais sinon, Jean Pierre Léaud, qu’est ce qu’il est relou dans le rôle d’Alphonse, acteur imbu, emphatique, surjoué. Pendant tout le film, dès qu’il ouvre la bouche (et même quand il l’ouvre pas), on a trop envie de le baffer. On comprend pourquoi il se fait larguer comme une merde.
Mais c’est vraiment un bon film sur le cinéma, fait par un amoureux obsessionnel de cinéma (ce petit garçon qui vole les photos du film Citizen Kane, et puis toute ces références et citations cinématographiques que je ne saurais relever, on sent toute l’érudition cinéphilique de Truffaut), et qui détaille très justement l’univers et l’ambiance de ce monde particulier. On voit les studios et les décors au début, et un peu le travail des techniciens, mais le film est nettement plus centré sur l’équipe mise en scène et les relations entre les membres de cette équipe au cœur du film. Un film qui donne vraiment envie de faire du cinéma. D’ailleurs, c’était encore plus intéressant de le regarder avec dans la tête la conception de CLAP, projet en cours d’écriture, de série courte sur le cinéma. Ce film est véritablement une référence pour l’écriture de ce projet, même si j’aimerai accentuer plus dans CLAP la dimension technique du cinéma. Une soirée cinéphilique très intéressante, qui m’a permis de me remettre ce projet de scénario en tête.
En attendant la fiche de Jacki, voici quelques liens et photos qui parleront plus que mon maigre avis sur La Nuit Américaine, que j’ai adoré voir. (Ça m’a d’ailleurs donné envie de voir Les 400 Coups et d’autres films de Truffaut) :
http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Nuit_am%C3%A9ricaine_(film)
http://french.imdb.com/title/tt0070460/combined
http://www.critikat.com/La-Nuit-americaine.html
http://1001filmsavoir.blogspot.com/2008/10/101-truffaut-la-nuit-amricaine.html
http://films.blog.lemonde.fr/2007/03/23/nuit-americaine/
http://www.film-a-voir.com/2007/06/la-nuit-amricaine.html
http://www.cinemagora.com/film-3341-la-nuit-americaine.html
http://cinema.encyclopedie.films.bifi.fr/index.php?pk=51577
http://www.cine-memento.fr/nuit-americaine-p-1180.html
http://www.cineclubdecaen.com/realisat/truffaut/nuitamericaine.htm
http://www.cineclubdecaen.com/analyse/livres/cinemaction124cinemaaumiroirducinema.htm
Quelques phrases mythiques aussi :
« Je laisserais un mec pour un film mais jamais un film pour un mec » la scripte, Nathalie Baye trop choubi
« Si on voulait gagner de l’argent, on ferait pas du cinéma » le producteur joué par Jean Champion


Voila pour ce compte rendu. On se retrouve très vite pour de nouvelles aventures cinéphiliques.
La prochaine fois, Manu nous présentera son programme et ses premiers films.

Eddie, le 25 juin 2009.

9e PCJ. Breaking News (Daai Si gin 大事件) de Johnnie To (HK/2004) et Borat de Larry Charles et Sacha Baron Cohen (USA/2006)


On continue le cycle Johnnie To initié la semaine dernière avec Election et The Longest Nite, tous 2 produits par la société Milkyway Image. Ce soir, présentation de Breaking News (2004) de Johnnie To (7 personnes répondent à l’appel). Cet article s’attarde juste sur le premier film de la soirée, Borat n’ayant pas été vu ce soir là.
C’est un réel plaisir de revoir ce film dans les conditions proposées par Jacki. On a pu apprécier ses magnifiques plans méga-esthétiques (les plans bagnoles au grand angle façon clip bling-bling, le jeu de chat et de souris dans les couloirs et cages d’escaliers dans l’immeuble, et surtout ce plan-séquence hallucinant (presque 8 minutes) d’introduction, véritable monument de cinéma, d’un point de vue technique et narratif) sur le beau mur blanc de la chambre de Jacki.
Résumé:
Une bande de braqueurs ouvre le feu sur la police en pleine rue à Hong-Kong. Ridiculisée devant les caméras de la presse, la police décide de répliquer en orchestrant l’arrestation des criminels en direct à la télévision. Toutes les forces disponibles sont envoyées au pied d’un immeuble où ils ont été repérés. La guerre des médias peut commencer.*
Un film qui joue sur l’utilisation des médias, l’embellissement et le contrôle de l’image pour filtrer l’information (accentué par la maîtrise parfaite de la mise en scène), le fait de montrer et d’informer (désinformer ?) pour tenter de légitimer une action, pour une mise en abyme intéressante de son propre rôle de cinéaste et de créateur d’images qui nous impose son point de vue et influence notre vision du monde et de la société. Un cinéaste est engagé, nous apprend l’attachée de presse, pour le montage des images de la police, afin de dynamiser l’ensemble, le rendre attrayant et pour aller dans les perspectives idéologiques d’une police hongkongaise bafouée et mise en échec par une poignée de braqueurs venus de Chine continentale (motif très récurrent dans le polar made in HK. Remarquons aussi qu’entre eux, ils parlent en mandarin, en opposition au cantonais/anglais des policiers de l’ex-colonie). Il s’agit clairement de redorer le blason de la police, de la replacer visuellement dans une position de contrôle total, de sécurité absolue. Cependant Johnnie To nous montre aussi que la réalité n’est pas aussi rose qu’on veut bien le montrer, notamment avec ces split-screens et une judicieuse utilisation du montage entre autre.


Les braqueurs ont beaucoup plus de classe et de charisme que les quelques membres de la police sur lesquels se centre l’histoire : le personnage incarné par un Nick Cheung super nerveux et têtu, dont la seule force est de ne jamais lâcher l’affaire, alors qu’il s’en prend plein la tronche pendant tout le film ; son lieutenant (joué par Hui Siu-Hung, second rôle souvent vu chez Johnnie To) qui a des problèmes intestinaux ; sans parler de l’inspecteur Rebecca, pseudo femme fatale qui gère les commandes de l’opération, et qui perd la face au fur et à mesure mais n’accepte pas ses erreurs, et son assistant/supérieur totalement dominé et dépassé par la situation (+Simon Yam en guest-star et son petit sourire narquois). La police de Hong Kong présentée par To est peu reluisante malgré les apparences et la fin qui leur donne raison. Les méchants du film ont une dimension positive, ils sont intelligents, calmes, déterminés, solidaires, ingénieux, et, fait intéressant, jouent eux aussi à la manipulation des images, avec leurs téléphones portables et à l’aide de la connexion internet du gamin de l’otage (génial Lam Suet).
Johnnie nous montre dans Breaking News une guerre de l’image, perdue d’avance par les méchants qui n’ont aucune légitimité et place dans cet univers lisse et propre. Ils doivent perdre et mourir pour que tout rentre dans l’ordre. Chez Johnnie To, la justice triomphe, même si elle s’en prend plein la gueule, même face à des méchants trop classes et peut-être même un peu sympas (on aurait pu être potes..), je pense à la magnifique scène du repas et de sa préparation qui apporte une vision très intelligente de ces braqueurs/tueurs à gage, des hommes comme tant d’autres qui préparent à manger parce qu’ils ont faim. D’ailleurs pour ces personnages là, le réalisateur utilise les codes du « hero-movie » (introduit par John Woo et son fabuleux A Better Tomorrow), issus des concepts de chevalerie chinoise. Par loyauté, et par amitié, les deux chefs (Richie Ren Xian-Qi et Yau Yung) échangent leurs missions à la fin du film et vont effectuer la tâche de leur pote qui ne pourra pas l’accomplir. Des bandits plein d’honneur face à une police qui tente tant bien que mal de rehausser sa réputation.
Breaking News confirme de nouveau l’incroyable talent de Johnnie To et sa maitrise technique implacable de l’image et de la mise en scène. Et comme je constate que ses films ont l’air d’être appréciés chez Jacki, je pense encore en montrer quelques uns.


Voir aussi:
Compte rendu Johnnie To à l’Ecran
http://wildgrounds.com/index.php/2007/08/09/un-livre-sur-le-realisateur-johnnie-to/
http://www.cinemasie.com/fr/fiche/oeuvre/beakingnews/ *
http://hkmdb.com/db/movies/view.mhtml?id=10670&display_set=eng
http://www.imdb.com/title/tt0414931/
http://www.cineasie.com/BreakingNews.html
http://www.lafactory.com/films/1259-breaking-news-johnnie-to.html
http://www.lovehkfilm.com/reviews/breaking_news.htm
http://www.eurasie.net/webzine/Breaking-News-de-Johnny-To.html
http://www.critikat.com/Breaking-News.html
http://www.dvdrama.com/film-860-breaking-news.php
http://asie-vision.blogspot.com/2009/03/breaking-news.html
http://wildgrounds.com/index.php/2008/09/23/johnnie-to-en-russie/
http://asie.centerblog.net/5525150-PANORAMA-ASIATIQUE-BREAKING-NEWS-de-JOHNNY-TO–2004-Hong-Kong-Chine

Eddie, le 14 mai 2009.

Les bande annonces des films d’Hitchcock, le roi du buzz

Quand on s’appelle Alfred Hitchcock, apparaitre à l’écran pour promouvoir son film est une chose naturelle, surtout si tout est mis en scène pour détourner l’attention du spectateur quant au véritable sens du film. Voici les quelques bande annonces tournées à la manière des introductions de la serie Alfred Hitchcock présente et parfois sur les décors du film concerné.

LES OISEAUX

LA MORT AUX TROUSSES

PSYCHOSE

FRENZY

COMPLOT DE FAMILLE

OUVERTURE D’UN DES ÉPISODES DE LA SÉRIE ALFRED HITCHCOCK PRÉSENTE

8e PCJ. Election (Hei she hui 黑社會) de Johnnie To (HK/2005) et The Longest Nite (Um fa 暗花) de Patrick Yau (HK/1998)


Election (2005) de Johnnie To et The Longest Nite (1998) de Patrick Yau (Milkyway Images).

Comme promis la dernière fois (voir dernier compte rendu 7e PCJ), cette semaine, après le Japon et ses Yakuzas nihilistes et fâchés, direction Hong Kong (puis Macao), avec Johnnie To, un des meilleurs réalisateurs de l’ancienne colonie britannique depuis les années 90. On introduit l’œuvre de ce cinéaste génial, avec deux films excellents qui vont nous permettre d’appréhender l’univers des triades chinoises, caractéristiques de Hong Kong et de ses rapports avec la Chine continentale. Le programme prévu au départ étant de projeter les deux volets de Election (2005 et 2006), tournés à la suite, et qui constituent un cycle, même s’il peuvent être vus de manière autonome, et qu’ils se suffisent à eux seuls. Ces deux films décrivent de manière subtile, et sous l’angle politique du pouvoir et de la corruption, le monde impitoyable et cruel malgré les faux semblants, des triades chinoises (en l’occurrence ici la Wo Shing Society), à travers un rituel particulier, celui de l’ « élection » de leur président tous les 2 ans.
D’autre part, à noter, l’utilisation judicieuse du téléphone portable et ses possibilités de communication, qui apportent des possibilités de mise en scène, pour des situations comiques et décalées, en contrepoint par rapport à l’aspect dramatique et violent du film et son déroulement (la scène avec les deux hommes de main ennemis qui deviennent complices après un coup de fil impromptu et salvateur) [voir la critique de Isabelle Regnier sur : http://www.lemonde.fr/cinema/article/2007/01/02/election-1-une-guerre-des-clans-autour-d-un-sceptre_851188_3476.html].

Qq liens vers des critiques sur le film :
http://www.critikat.com/Election-1-2.html
http://www.cineasie.com/Election.html
http://www.objectif-cinema.com/spip.php?article4798
http://critico-blog.viabloga.com/news/election-1-johnnie-to
http://papercuts.fr/cinema-Johnnie-To-Election-1-2-170.html
http://hkmdb.com/db/movies/view.mhtml?id=11112&display_set=eng
http://wildgrounds.com/index.php/2006/07/08/election-2005-johnnie-to/
http://www.cineasie.com/Election.html
http://critiques.over-blog.com/article-5170229.html
http://archive.filmdeculte.com/film/film.php?id=1172

Au final, comme on était si peu, je me suis dit que ça ferait beaucoup trop lourd pour la même soirée, donc un film un peu différent en seconde partie. J’avais sous la main Throw Down de Johnnie To (2004) ou The Longest Nite de Patrick Yau (1998), deux grosses balles monumentales. Le second l’a emporté, Throw Down, étant un film tellement magnifique, que j’aurai préféré montrer au maximum de personnes.

Donc direction Macao et son atmosphère suintante et oppressante, pour une enquête policière des plus tordues. Avec un Tony Leung Chiu Wai transpirant et sans cesse en train de s’éponger le visage à mesure que le piège se referme sur lui, et Lau Ching Wan impressionnant avec son crane rasé et son tatouage sur la nuque, qui jouent tous deux les rôles de manipulateurs et marionnettes, dans une histoire de complot et de trahison, à la manière d’un Usual Suspects.
The Longest Nite est un pur film de genre, un bon polar bien crade et violent, à la mise en scène dentelée (on sent la patte de Johnnie To dans l’esthétique et la mise en scène), qui nous emmène dans les tréfonds d’une ville cinégénique et colorée. Bref, du gros calibre. Merci la Milkyway, société de production de Johnnie To Kei Fung, véritable creuset des meilleures productions hongkongaises depuis plus de 10 ans (j’exagère peut être un peu, mais quand même).
En tout cas, c’est vraiment plaisant de voir des films de Johnnie To dans ces conditions. Des cadres magnifiques, une photo absolument parfaite (malgré le côté chargé/coloré/contrasté de la mise en lumière du cinéma made in HK), on pense à la magnifique scène dans la cellule, avec la lumière en douche et les particules de poussière en suspension, mais aussi celle du début dans le restaurant, avec l’entrée de jour éclatante à l’ouverture et fermeture de la porte et bien sur la séquence finale de la fusillade dans le « palais des glaces » en miroirs ; une mise en scène juste et subtile (la scène du bar avec la serveuse malade qui vomit sur un mafieux énervé qui braque le héros/tueur (Lau Ching Wan), ou encore celle excellente de l’aéroport, où Tony Leung sent le piège se refermer autour de lui, avec les indications et consignes de la police dans son oreillette, et une chute finale sur le modèle d’Usual Suspects « tel est pris qui croyait prendre »).
Ce cycle Johnnie To entamé est une bonne idée, et je compte vous en montrer bien plus au fur et à mesure des séances, sans trop s’éloigner de la thématique « Triades et Yakuzas ». Avec Election et The Longest Nite, on reste dans un domaine connu et balisé, celui du gangster hongkongais et sa représentation au cinéma. Je compte prolonger ce panorama sur Johnnie To, en proposant dès la prochaine séance, Breaking News (à suivre), qui me parait s’inscrire dans les perspectives du thème proposé, malgré ses nombreuses autres problématiques posées (rapport des médias et du cinéma dans la représentation de la violence, utilisation de ceux-ci pour légitimer une action violente, etc).

http://hkmdb.com/db/movies/view.mhtml?id=8327&display_set=eng
http://www.cineasie.com/Longest_Nite.html
http://www.hkcinemagic.com/fr/movie.asp?id=367
http://www.dvdrama.com/rw_fiche-5493-.php
http://www.sancho-asia.com/spip.php?article264
http://www.lovehkfilm.com/reviews/longest_nite.htm
http://made-in-asie.blogspot.com/2009/01/longest-nite-patrick-yau-hk-film.html
http://www.imdb.com/title/tt0168043/
http://la.tete.dans.le.culte.over-blog.fr/article-18044291.html

A bientôt amis cinéphiles. Eddie le 7 mai 2009.

Saul Bass. Inventeur de génériques.

Saul Bass est un graphiste designer star, adulé du monde du cinéma et de celui du graphisme en général. C’est dans les années 50, qu’il a totalement réinventé la manière de concevoir le générique.

« Selon moi, un film commence réellement dès la première image. »

Venu du dessin publicitaire, c’est en 1946 que Saul Bass s’installe à Los Angeles et  crée une société de dessin appliqué au cinéma : « Films publicitaires et surtout génériques ».  Les bandes annonces et les affiches à l’époque ne sont qu’un montage d’images du film, de portraits d’acteurs ou de photos de plateaux.

En totale contradiction avec ces méthodes, Saul Bass décide de trouver un élément symbolique du film et de l’épurer de toute autre complexité. Par son style graphique quasi abstrait, mais dont l’abstraction porte l’essence même du film qu’il illustre, Bass révolutionne la branche du générique.

En 1954, Saul Bass rencontre Otto Preminger et conçoit pour lui l’affiche de sa comédie musicale : Carmen Jones. Pour cette dernière, il choisit de représenter une rose prise dans les flammes. Éléments apparemment symboliques du personnage principal. N’ayant pas vu le film, j’y vois tout de même la nette contradiction entre la fragilité féminine de la rose et le caractère destructeur de la flamme, seulement, la rose résiste et ne se consume pas. Associée au nom  Carmen Jones, on imagine bien un film dont l’héroïne à la beauté physique et à celle de l’âme résistera à la traversée d’un certains nombre de drames.

Otto Preminger est séduit et lui demande de concevoir le générique du film. On y revoit la rose visible par alternance derrière la danse d’une flamme rouge. Vous pouvez visionner ce générique en cliquant ici.

L’année d’après, Bass collabore pour la deuxième fois avec Otto Preminger pour le film L’homme au bras d’or (The Man with a golden arm). Le graphiste choisit de ne représenter qu’un bras stylisé et tordu faisant écho au titre et à la caractérisation du héros de l’histoire : talentueux pianiste et joueur de poker mais accroc à l’héroïne. Ce film est d’ailleurs le premier de l’Histoire du cinéma à traiter de la dépendance aux drogues.

Ce générique est bien représentatif de la révolution de Saul Bass : le film est attrayant dès la première image. En intégrant ces traits blancs qui traversent l’image de manière très graphique et en animant certains textes, Bass fait véritablement danser ce générique sur le jazz d’Elmer Bernstein. Les couleurs de l’affiche sont dans des bleus très jazzy et les traits blancs de l’extrait peuvent faire penser aux touches d’un piano, aux cordes de la contrebasse ou aux baguettes de la batterie. La disposition apparemment chaotique de ces traits peut être également un symbole des perturbations et des contradictions du héros, sentiment renforcé par le contraste très fort des deux couleurs noir et blanc. Le générique de ce film le fera reconnaitre comme le maitre du genre. La collaboration entre Preminger et Bass durera dix autres films.

Sur l’affiche suivante, on peut voir que pour Autopsie d’un meurtre (Anatomy of a murderOtto Preminger. 1951), Bass reprend le même principe, mais plutôt que de s’appuyer sur un symbole propre au film, il use de la tromperie du titre, car dans ce film, on ne voit ni autopsie, ni cadavre. C’est pourtant la silhouette d’un corps qu’on peut voir sur l’affiche de ce film et dans le générique, faisant écho à la reconstitution de la scène d’un crime et du corps de la victime détouré à la craie. Le film traite en effet d’un crime meurtrier mais on en parle seulement dans un tribunal, témoignage après témoignage. On comprend alors la fragmentation du corps dessiné par Bass :  plusieurs morceaux, chaque morceau est un témoignage, la pièce d’un puzzle qui nous en apprend plus sur ce crime.

Encore, un élément graphique animé « dansant » sur du jazz, cette fois celui de Duke Ellington :

En plus de totalement réinventer le générique par ses mélanges entre graphismes, photos, animations et prises de vues réelles, il crée un style qui lui est propre qu’on appelle encore aujourd’hui le style Saul Bass. Dans les années 50-60, de nombreux réalisateurs font appel à lui, il est alors à Hollywood l’homme des génériques. Alfred Hitchcock l’engage pour trois films d’affilée et pas n’importe lesquels si je puis dire puisqu’il s’agit de Sueurs froides (Vertigo. 1958), La Mort aux trousses (North by Nortwest. 1959) etPsychose (Psycho. 1960). (Entre parenthèses, je ne sais pas quelle mouche a piqué Hitchcock à cette époque : il a réalisé trois chefs d’œuvre, trois années consécutives, mince alors Hitch’. La mouche a du repasser par chez le bonhomme en 1963 pour Les Oiseaux (The Birds).)

Sur l’affiche, la spirale très géométrique fait écho au titre original du film : Vertigo. Ce simple mot fait référence au mal qui touche le héros ancien-flic pris de vertiges aigus depuis une poursuite un peu fracassante sur les toits de San Fransisco. On peut également y voir une représentation graphique de la spirale infernale et émotionnelle dans laquelle se jette éperdument le héros, amoureux de la femme, objet de son enquête (désolé pour le jeu de mots). Sur cette affiche, la taille de la spirale par rapport aux corps laisse paraitre une abysse dans laquelle cet homme et cette femme plongent. L’ impression de surréalisme ressentie est semblable au passage vers un monde inconnu et étrange comme celui des rêves et des cauchemars. Enfin, la position des corps et leurs colorisations laissent entendre deux choses contradictoires bien présents dans le film : soit, il s’agit d’amour :  l’homme bien concret est épris de cette femme dont les traits lui échappent, seuls les contours sont présents, l’intérieur est vide. Soit il s’agit de mort : cet homme rempli de noir, couleur maléfique, tue cette femme fragilisée par la transparence de son dessin. La transparence du corps est également lié à l’idée qu’on se fait du fantôme, mort revenu sur terre entouré d’un halo flou, élément fantastique et macabre nettement présent lui aussi dans l’histoire . Un concept graphique à la fois simple et incroyablement intelligent qui synthétise parfaitement le style et les thèmes abordés par Vertigo.

Ce générique me donne des frissons, qu’il ait vieilli ou non. La bouche, les yeux de Kim Novak en noir et blanc, qui regardent un coup dans une direction, puis dans l’autre, avant que nous plongions à l’intérieur dans un rouge sang, hypnotisés par des spirales tourbillonantes sur une valse à la fois belle et inquiétante de Bernard Herrmann, tous ces éléments donnent à ce générique une identité extrêmement forte et mythique. Vertigo est un grand film de la première à la dernière image, Saul Bass y est pour quelque chose.

Ci dessous, l’image extraite du générique de La Mort aux trousses, on peut y voir des diagonales traverser l’écran. Elles représentent le trajet du héros, du nord au nord ouest des États-Unis. La flèche du N de North est dirigée vers le nord, celle du deuxième T de NorthwesT est dirigée vers l’ouest. Les diagonales, se croisent verticalement et horizontalement devenant des lignes de fuite, créant une perspective. C’est bien d’une fuite qu’il s’agit puisque le héros est traqué par erreur à travers le pays. Autre symbolique du mouvement : le dynamisme général créé par les lignes et le positionnement à l’effet 3D du lettrage du titre. Pour couronner le tout, notre graphiste préféré fait rentrer les titres jusqu’au centre de l’écran par animation sur une musique épique de Bernard Herrmann. Admirez le travail :

Il m’était évidemment impossible de ne pas mettre le générique de Psychose, bien que la seule version que j’ai pu trouver sur internet pour la  mettre en lien est d’assez mauvaise qualité, le son est extrêmement distordu, ce qui n’arrange en rien la musique déjà stressante de Bernard Herrmann. On y trouve toujours ces bandes verticales noires et blanches « très Saul Bass« . cette fois, ce ne sont pas des diagonales, mais des droites nettes qui se croisent et se décroisent. Le lettrage est également maltraité, c’est en morceaux coupés nets que les lettres viennent se former au centre de l’écran par effets d’animations. Les zébrures noires et blanches qui remplissent l’écran offrent  à l’œil un contraste violent, le fait de séparer ces deux couleurs en lignes renforce l’aspect brisé faisant référence à deux choses. La première est la folie (la psychose) pouvant pousser une personne fragile à se briser et à créer inconsciemment plusieurs facettes d’elle même, plusieurs personnalités différentes et contrastées dans un seul corps. La deuxième référence est aux différents meurtres du film, (dont celui de la douche bien sur), qui, je n’ai pas besoin de vous le rappeler sont perpétrés au couteau, un objet tranchant qui coupe en morceaux. Comme il s’agit de meurtres, des actes rarement doux, les lignes du génériques mettent en tranches l’écran violemment. Encore une fois l’efficacité de ce générique fait mouche et je ne parle pas de la mouche qui a piqué Sir Hitch’ à la même époque. Pour aller plus loin sur ce film, dans les entretiens Hitchcock/ Truffaut, le réalisateur américain semble affirmer que Saul Bass a conçu la séquence du meurtre du détective privé dans les escaliers pendant que lui même était malade et cloué au lit. De son côté, le graphiste tend plutôt à dire qu’il a conçu la séquence de la douche. Ce serait peu étonnant, tant elle est graphique. On y retrouve ce jeu des lignes et de dynamismes propre à Bass.

L’extrait suivant n’est pas le travail direct de Saul Bass (il est mort deux ans avant). Il s’agit d’un remake de Gus Van Sant (Psycho. 1998). Pourtant, le nom de Saul Bass est cité au générique, car son concept contribue à l’image qu’on se fait du film et en fait partie intégrante. Toujours sur la partition de Bernard Herrman, conduite ici par Dany Elfman(compositeur attitré de Tim Burton). La même chose avec du vert fluo, c’est sympa, merci Gus.

Les travaux suivants permettent de juger de la capacité d’adaptation de Saul Bass en fonction du ton et des thèmes du film illustré. Vous verrez au passage, qu’il n’a pas bossé avec n’importe qui ce « p’tit » gars.

L’Inconnu de Las Vegas (Ocean’s eleven de Lewis Milestone. 1960).  La formation des chiffres en petits ronds colorés font écho aux néons de la ville de Las Vegas, dont cinq casinos sont les prochaines cibles d’une bande de braqueurs, ces derniers sont au nombre de onze si je me souviens bien. La musique entendue ici est hallucinante, composée par un certain Nelson Riddle. Ce compositeur que je ne connaissais pas, a beaucoup travaillé pour la télé notamment sur la série Batman de 1966. 

Spartacus (Stanley Kubrick. 1960)

Un Monde fou fou fou fou (It’s a mad mad mad mad world de Stanley Kramer. 1963)

Bunny Lake a disparu (Bunny Lake is missing de Otto Preminger. 1965)

Le concept du générique de Bunny Lake a disparu est repris et revisité bien des années après pour L’Orphelinat (El Orfanato de Juan Antonio Bayona. 2007). Voir les deux images suivantes :

L’Opération diabolique (Seconds de John Frankenheimer. 1966)

Dès 1964, il réalise des courts-métrages (les premiers d’entre eux sont The Searching Eye et From Here to There), dont plusieurs seront récompensés dans des festivals (Why Man Creates remporte un Oscar en 1969). L’échec de son seul long métrage, ‘Phase IV, l’amène à se concentrer sur la conception graphique. Il produira dans ce cadre de nombreux logos parmi lesquels ceux de United Airlines, AT&T ou Minolta. Symbole de l’âge d’or d’Hollywood, il est sollicité par des réalisateurs de la génération suivante tels que Danny DeVito pour la Guerre des Roses(War of the Roses. 1989) ou Penny Marshall (Big1988). En 1990, une nouvelle relation de travail fructueuse s’entame avec Martin Scorsese pour le film Les Affranchis (Goodfellas) :

« Ses génériques ne sont pas de simples étiquettes sans imagination – comme c’est le cas dans de nombreux films – bien plus, ils font partie intégrante du film en tant que tel. Quand son travail apparaît à l’écran, le film lui-même commence vraiment. »

Martin Scorsese.

Les Nerfs à Vif (Cape Fear de Martin Scorsese. 1991).

Ses derniers travaux dans le monde du cinéma sont les génériques de L’Age d’innocence (The Age of innocence. 1993) et Casino (1995), deux films de Martin Scorsese. Cela m’aurait bien plu d’ajouter en vidéo le générique de Casino qui est très beau, malheureusement, je n’ai pas pu en trouver. Je vous invite donc à  le revoir par vos propres moyens. Si vous êtes dépourvus de ces moyens et c’est pas de bol, regardez le image par image en cliquant ici. 

Enfin, il a également conçu un poster pour La Liste de Schindler (Schindler’s List. 1993) de Steven Spielberg. Ce dernier ne sera finalement pas utilisé pour la promotion du film, il est néanmoins connu comme étant le dernier poster designé par Saul Bass, tiré à quelques 200 exemplaires, il font maintenant partie de collections privées.

Dans les années 50-60, la révolution Saul Bass transforme définitivement l’univers du générique à tel point qu’il est difficile de dire quel film s’inspire consciemment de son travail. Mais aujourd’hui et bien au delà du simple univers du cinéma, le graphiste est toujours présent.

Hommage direct à Saul Bass : le générique de Arrête moi si tu peux (Catch me if you can. 2002 ) de Steven Spielberg.

  • Sources et liens :

Saul Bass sur Wikipédia.

Saul Bass sur IMDB.

Saul Bass sur Film de Culte.

Saul Bass sur Digital Media FX.

Interview exclusive de Saul Bass sur generique-cinéma.net (1993)

Titles designed by Saul Bass. Site très complet qui s’attarde sur chaque générique de la filmographie de Bass.

Saul Bass sur Electronic Book Review à propos du livre Bass Resonance de John Cayley.

7e PCJ. Guerre des Gangs a Okinawa (Bakuto gaijin butai 博徒外人部隊) de Kinji Fukasaku (Japon/1971) et Made in Usa de Jean Luc Godard (France/1966)

Ce soir, en 1e séance, on reste au pays du soleil-levant, avec le 4e film programmé de Kinji Fukasaku, auteur visiblement bien apprécié des spectateurs de ces soirées. Œuvre essentielle de ce réalisateur politique et contestataire, Guerre des Gangs a Okinawa (1971) pose à la fois les bases du renouveau du yakuza-eiga, et celles de son style unique, dynamique et extrêmement moderne dans sa forme (sans cesse en mouvement comme le soulignent tous ces zooms, panoramiques, caméras-épaules à la limite du documentaire sauvage, cadres très serrés et violents ou immobiles et décadrés ou appuyant une perspective oblique, et ses génériques si caractéristiques qu’on remarque au bout du 4e film montré : le titre rouge et presque sanguinolent sur fond de journaux et coupures de presse en noir et blanc rappelant les actualités et faits-divers violents de l’époque en rapport avec les yakuzas et leur expansion dans la société japonaise moderne, sur une musique jazzy et entrainante, et toujours précédé de la mention ironique: « malgré sa ressemblance avec la réalité, les scènes de ce film ne sont pas basés sur des faits réels », précision importante qui évite d’éventuels soucis de représailles de la part de nos amis tatoués, on ne sait jamais). Un film d’hommes (c’est comme ça qu’on dit), bien marrant. Les mecs sont super virils, se regardent de travers avec des rictus censés être effrayants, se parlent mal et s’envoie des « T’as du cran ! » à chaque coup d’éclat ou chaque phrase de poids (en même temps les gars ne parlent pas trop et préfèrent agir et communiquer avec les poings, alors quand ils commencent à causer…). Les scènes de négociation sont très serrées et tendues, mais le héros garde son sang-froid, son flegme irréductible et surtout sa classe légendaire (« Que ferais-tu à ma place ? Je peux pas le laisser crever »). On remarquera en souriant qu’il porte ses lunettes noires pendant la quasi-totalité du film, sauf la scène d’amour, après laquelle il les remet immédiatement. C’est aussi à ce moment qu’on comprend pourquoi il les garde depuis le début, comme une sorte de barrière protectrice masquant ses faiblesses et la tristesse de ses yeux. Fukasaku nous présente ici une bande de truands au grand cœur et à la grande gueule, entiers et sans concession aucune, qui préfèrent foutre la merde plutôt que de courber l’échine, quitte à laisser plein de choses derrière. La paire d’as formé par le duo Koji Tsuruta/Noboru Ando (2 acteurs récurrents du genre), est tout bonnement excellente et génère de superbes scènes (celle de négociation avec Hadelma et Gushken, et celle contre Tomisaburo Wakayama). On retrouve d’ailleurs le génial Tomisaburo Wakayama, kaishakunnin sur-mythique des Baby Cart, dans un rôle à la mesure de sa large envergure et de sa gueule si typique (spéciale dédicace aussi à son salto avant pour esquiver une voiture dangereuse, cascade impromptue) : ses mimiques exagérées nous présentent un personnage complexe malgré son côté bourrin, qui aime trop son petit frère pour le laisser mourir, et dont la manière de penser primaire et radicale rejoint très vite celle des héros.

Et puis Fukasaku balance du lourd avec ses cadrages et ses mouvements de caméra, chaotiques et mouvementés, mais qui collent parfaitement aux actions et aux personnages (la scène du début dans le bar est géniale, avec cette bande de blacks qui viennent les tuer, alors que notre bande de joyeux yakuzas ne les captent qu’à la fin de la scène, quand le bar est entièrement vide, et la phase avec l’avion, son bruit assourdissant et la grosse fusillade qui s’ensuit). On pense au plan magnifique dans la boite de nuit bien disco, avec la meuf qui danse les seins nus : après un panoramique sinueux et bordélique (les seins de la meuf, puis reprise de point sur le musicien derrière.., puis tous les gens qui dansent en vrac dans un patchwork bien trippé sur un bon son des 70ies) suivi d’un zoom appuyé mais totalement maitrisé vu le sujet grouillant (une boite de nuit pleine à craquer de gens), pour finir par cadrer parfaitement le héros qui entre par une petite porte au fond du champ, puis, après un pano rapide à 360°, on reprend les méchants qui vont rencontrer celui-ci (bien sûr accompagné de son copain qui avait tout prévu et anticipé. Ils échangent d’ailleurs leurs armes au moment de marave Gushken et ses hommes en 3 secondes bam). Ce plan d’intro dans la boite et cette scène sont juste géniales.
Et sur cette fin classique, pour un film du genre (vu leur comportement, on sait direct comment ça va finir), on assiste à une mise à mort vengeresse et sauvage, filmée à l’épaule en courant pour suivre l’action. A la fin héroïque et pathétique, on a l’impression qu’un journaliste vient voler les dernières images de ces hommes « couillus mais d’une autre époque » (comme d’hab’, on la connait). Ils arrivent quand même à buter leurs ennemis (des gros hommes d’affaires véreux, lâches et sans scrupules, qui ne méritent bien sûr que la mort), mais finissent tous en vomissant leur sang sur le bitume (c’est une image), manière de les montrer réaliste et en même temps appuyée dans le pathétique. Ils crèvent comme des chiens, ils le savaient, mais ils ont fait ce qu’ils avaient à faire. Ok.
Un film à voir et à revoir, que j’ai grand plaisir d’avoir pu vous montrer dans ces conditions. (Que 6 spectateurs présents ce soir : Jacki, Luce, Pierrot, Eddie, Laurent, Mimi).


J’ai encore quelques films de Fukasaku à projeter (Le Cimetière de la Morale et Thugs Vs Cops), mais la prochaine fois, direction Hong Kong (on change un peu), avec Johnnie To et les triades. On en parlera plus tard.

http://www.cineasie.co/GuerreDesGangsOkinawa.html
http://wildgrounds.com/index.php/2006/10/03/guerre-des-gangs-a-okinawa-1971-kinji-fukasaku/
http://www.dvdrama.com/news-28702-guerre-des-gangs-a-okinawa-scan-sequence.php
http://yakusa-yakusas.blogspot.com/2008/10/un-film-yakuza-guerre-des-gangs-okinawa.html (en + d’une petite critique, blog entier consacré aux yakuzas)
http://www.sancho-asia.com/spip.php?article851
http://films.psychovision.net/critique/guerre-des-gangs-a-okinawa-476.php
http://www.cinemasie.com/fr/fiche/oeuvre/guerregangs/
http://www.dvdrama.com/film-29125-guerre-des-gangs-a-okinawa.php
http://www.lesancresnoires.com/yakusadvd.htm


En seconde séance, Jacki nous propose encore un film de Godard, Made In Usa (1966), un film de gangsters intellectuel(-s, le film et les gangsters).
Je dois avouer que j’ai pris super cher, et que j’ai eu du mal à regarder ce film. Aucun souvenir des personnages masculins, sans charisme et inintéressants. Les quelques femmes par contre sont tellement belles que j’en ai rêvé. D’ailleurs, elles ont la meilleure place dans ce film, mais Godard qui semble vouloir les sublimer (comme il le fait avec Bardot dans Le Mépris), les rend paradoxalement potiches, on dirait juste de beaux objets. On sent effectivement une influence plus tard chez Tarantino, dans sa vision des femmes et sa manière de les représenter, à cette différence près qu’elles ont plus de relief dans ses films, au-delà de leur simple beauté. J’ai beaucoup de mal à me rappeler ce film ou même à en reconstituer l’histoire (un gros mot pour Godard). Tout au long du film, une question revient et me martèle le crâne. De quoi nous parle –t’il ? Qu’est-ce qu’il raconte ? Et pourquoi ? Je n’arrive pas à me dire que ce film a été tourné pour des spectateurs, vu son hermétisme, son côté fermé et son inaccessibilité, ou alors quel type de spectateurs. Je pense que pour ne pas s’ennuyer et lâcher totalement prise (et donc se casser sans voir la fin), il faut un certain nombre de références et de culture et pas mal de complaisance pour suivre et apprécier le discours intello. On comprend d’instinct sa critique destructive du cinéma (d’un cinéma narratif, commercial), mais à chaque seconde, on se demande de quoi il parle au-delà de cette simple critique, qu’est ce qu’il y a d’autre à part cela ? Godard est super énervé, mais parler d’une critique de sa société contemporaine serait tellement pédant. Enervé contre le cinéma, ça par contre oui, c’est clair. Il casse TOUT. Des dialogues inutiles et plein de références intellectuelles, une bande son dépecée et massacrée, des longueurs souvent sans intérêt, son film ne semble pas fait du tout pour des spectateurs (encore un aspect critique du cinéma ??? ce n’est pas fait dans la contrainte du public et de son avis ?), mais alors pour qui ?? Il y a plein de choses intéressantes, comme la scène dans le bar, avec ce dialogue absurde d’un ouvrier dont le verre ne se vide jamais, sans cesse rempli par le barman, ou encore la fin avec un personnage de journaliste qui sait tout et règle tout en 3 phrases pleines de vérités empiriques et figées (on repense d’ailleurs à la scène d’interview dans A Bout de Souffle, avec ce journaliste intello qui sortait ces vérités toutes faites et préconçues sans même écouter la petite journaliste, après quelques recherches je me suis aperçu que ce journaliste arrogant était joué par le réalisateur Jean Pierre Melville), qui parle de la gauche et de la droite en disant que cette équation est périmée et ne devrait plus se poser telle quelle. J’ai du mal avec ces discours politiques, qui même remis dans le contexte de l’époque, me semblent brasser beaucoup de vent. Quand on pense à mai 68 et cette époque rebelle de renouveau culturel et qui « a changé beaucoup de choses et amené plus de libertés », et qu’on fait le constat de l’état des lieux aujourd’hui, je me dis que peu de choses ont changé, et que le désabusement est le même 40 ans après. Que sont devenus les acteurs politiques et culturels de cette période ? Rien n’a changé (j’espère que si).
Autant Les Amants du Pont Neuf est un film qui donne envie de faire du cinéma (parce que bel objet de cinéma, mais surtout pas comparable avec Made In Usa, prétention que je n’ai pas ici), autant ce film de Godard m’a ennuyé, mais aussi donné envie de faire des films, justement contre ça. Parce qu’on ne peut pas se contenter de ce film et de son simple intérêt en tant qu’objet (esthétique) de cinéma. Sinon à quoi (et qui) est-il destiné (surtout pas au peuple, mais bien plutôt à une certaine élite apte à comprendre le message et les références) ?
Pour arrêter de dire de la merde sur ce film, qui m’est hélas resté incompris, je préfère continuer avec une critique intéressante de quelqu’un qui semble avoir plus de références par rapport à tout ça. J’ai d’ailleurs un peu mieux cerné le film en la lisant, dommage que j’ai besoin de ça pour comprendre et apprécier un film.
http://pserve.club.fr/Made_in_Usa.html
http://www.cineclubdecaen.com/realisat/godard/madeinusa.htm
http://www.imdb.com/title/tt0060647/

Eddie, le 5 avril 2009.

6e PCJ. Okita le Pourfendeur (Gendai Yakuza: hito kiri Yota 現代やくざ 人斬り与太) de Kinji Fukasaku (Japon/1972) et A Bout de Souffle (Breathless) de Jean Luc Godard (France/1960)

Après deux semaines d’absence, on revient enfin chez Jacki pour une nouvelle projection.
Pour prolonger le panorama sur Kinji Fukasaku, le film proposé ce soir est un des classiques du réalisateur, et surtout l’un de ses plus nihilistes avec Le Cimetière de la Morale (1975) : Gendai Yakuza : Hito kiri Yota (Yakuza moderne, Okita le Pourfendeur -1972). On retrouve encore le fameux Bunta Sugawara dans le premier rôle, avec sa gueule grimaçante et son air de blazé qui se fout de tout, dans ce personnage auto-destructeur et sans concession de jeune chien fou, « qui aime les filles et la bagarre » (encore). D’ailleurs sa relation avec la prostituée qu’il a amené dans ce milieu, est particulièrement intéressante : deux êtres remplis de tristesse et de solitude qui ont tout perdu ou en tout cas plus grand-chose à perdre, et elle à cause de lui. Malgré ça, ayant besoin tous 2 d’amour et de chaleur humaine, ils se lient jusqu’à se déchirer. La scène où elle balafre une autre femme, considéré comme rivale, puis le « Si tu veux toucher, faut payer. Je suis une pute. » pour se venger, et surtout la scène finale, où elle finit par devenir la cause de leur destruction, dans une pulsion de mort et d’amour : c’est elle qui, hystérique, va balafrer un yakuza pour « sauver » son compagnon, ce qui provoque sa rage lorsqu’elle meurt.

Le personnage principal, impulsif, violent, rageux, individualiste, et respectueux uniquement de son propre « code » de morale, est à l’image du film de Fukasaku : chaotique, tout comme le Japon d’après-guerre qu’il dépeint. Il provoque des bagarres puis des conflits plus importants, ne respecte rien ni personne, cherche à agrandir son territoire (illusoire) par tous les moyens, est allé plusieurs en maison de redressement et agit seulement par intérêt ou selon ses propres schémas « éthiques et moraux » (« Un chien qui lâche une fois sa proie ne sait plus mordre »ou encore « Je n’appartiens à personne »). Malgré tous ces faits négatifs, Fukasaku le rend humain et pathétique, en le situant dans la misère et le chaos d’après-guerre, et en nous le présentant tel quel, avec sa voix-off au début du film, nous synthétisant son histoire et son enfance en quelques minutes, de manière à la fois choc et comique (dimension tragicomique de l’œuvre de Fukasaku, extrêmement violente et désespérée, et en même temps humaine et drôle, à l’image de ces yakuzas, brutaux et touchants). Cet anti-héros permet à Fukasaku d’exprimer une critique sévère de la société japonaise, à travers l’univers des yakuzas. Alors que la société japonaise se modernise et s’occidentalise à grande vitesse et de manière brutale, elle laisse de côté et renie tous les aspects culturels et traditionnels du Japon qui a ternit son image durant et après la seconde guerre mondiale. Pourtant, les yakuzas sont toujours présents dans cette société, et doivent s’adapter à ces nouveaux changements. Toutes leurs valeurs traditionnelles, en particulier leur code de l’honneur si caractéristique, disparaissent et sont bafouées, pour laisser place à une corruption politique et des activités « légales » et surtout plus lucratives et propres, et moins dangereuses. Les gens comme Okita n’ont plus leur place dans cette société qui souhaite s’aseptiser malgré tous ses travers. Je vous conseille pour une lecture pertinente de ce film, d’aller lire cette chronique intéressante sur le film : http://wildgrounds.com/index.php/2006/10/07/okita-le-pourfendeur-1972-kinji-fukasaku/

Notons ce soir un public parsemé (7 personnes présentes : Mathilde, Jacki, Luce, Manu, Pierrot, Phildar, Eddie), mais assidu qui peut enfin, au fil des projections, effectuer des connections et des rapports entre les films montrés. On trouve qu’Okita dans son traitement de la relation « amoureuse », ainsi que tout le style visuel et dynamique de Fukasaku et sa vision critique de la société japonaise, font très « Nouvelle-Vague » et rejoignent ainsi Kamikaze Club.
Entre les 2 séances, on regarde le clip de Frank Zappa « City of Tiny Lites », réalisé par Tom Corcoran en 1979 (durée: 05:34). Un truc de fou en animation modélisme, sur du bon son à l’ancienne, avec une sorte de pâte à modeler animée et visiblement travaillée à la main image par image, et vu la qualité de l’animation, on peut constater que des images, il y en a beaucoup. Avec ses délires de visages
animés, de matière organique sans cesse en mouvement, on pense aux performances picturales de l’argentin Blu dans Muto (voir http://www.blublu.org/) qui anime ses peintures murales pour les faire se déplacer en ville et raconter des histoires de changements, de transformations. Une sorte de « Walace et Gromit » avant l’heure trippé sous acide, ça me fait penser au court-métrages d’animations que m’avait montré Phildar, mais pas moyen de les retrouver, je ne me rappelle plus le nom..d’ailleurs si Phil s’en rappelle on aura peut être l’info…
Après cet intermède musical proposé par Pierrot, Jacki nous présente le second film de la soirée.


Ça sera un Godard. Il aurait préféré nous en montrer d’autres bien mieux, mais selon lui, A Bout de Souffle semble essentiel pour introduire ce réalisateur, que je n’apprécie pas particulièrement depuis que j’ai du voir plusieurs fois Le Mépris au cours des études. Je garde cependant un bon souvenir de son premier film vu au lycée, mais pour le reste, alors que c’est intéressant à étudier, j’ai l’impression d’en garder le gout amer d’un auteur intellectuel et non plus populaire, qui brise les règles établies (héritage nécessaire et important) et qui base son œuvre sur ce simple fait (comme le fait de poser son nom sur un bidet). On a tout cassé, c’est intéressant, et maintenant. Bien sûr, j’espère évidemment me tromper complètement et changer mon avis sur Godard et sur la Nouvelle Vague plus généralement (j’aimerai bien voir aussi des films de Truffaut que je ne crois pas connaitre), par le biais de ces projections, où l’on propose des films et des lectures de ceux-ci, et la proposition de Jacki est l’occasion d’avoir accès à Godard, qui jusqu’alors m’était hermétique. Je mets donc mon scepticisme de côté et passe mon second contrat tacite de la soirée avec le premier film de Jean Luc Godard.

Présentation du film A Bout de Souffle de Jean Luc Godard (France.1960).
Michel Poiccard se rend à Paris dans une voiture qu’il vient de voler à Marseille. Il doit toucher de l’argent pour un travail qu’il a fait mais dont on ne sait rien. Sur la route il est sifflé par un motard et il tire avec le revolver qu’il a trouvé dans la boite à gants de la voiture volée.
A paris, Patricia Franchini rêve de devenir journaliste et vend le Herald Tribune sur les Champs-Elysées. C’est la fille que Poiccard cherche. Il s’installe dans sa chambre et discute avec elle tout en cherchant à joindre au téléphone un certain Antonio. Ils se rendent ensuite dans un parking où Michel vole une nouvelle voiture. Sa photo et son palmarès sont publiés dans la presse et Michel, qualifié de « meurtrier de la RN 7, est désormais en cavale. On le reconnaît, et la police retrouve sa trace. Tandis que Michel est à son rendez-vous avec un nommé Mansard pour toucher son argent, Patricia assiste à la conférence de presse du romancier Parvulesco. Elle va dénoncer Michel qui est abattu alors qu’il tente de s’enfuir.
(source : http://pagesperso-orange.fr/patrick.lecordier/aboutsesoufflefilm.htm)
Film emblématique de la Nouvelle Vague française, le premier film réalisé par Godard est un film extrêmement dynamique où l’on sent qu’il aime le cinéma et qu’il expérimente ses possibilités formelles, narratives et techniques. C’est aussi un film incontournable de l’histoire du cinéma, qui révolutionne les codes du films noirs autour d’un personnage de jeune con qui prend la vie comme elle vient (alors qu’on sait, comme dans tous les films de ce genre, comment ça finit, surtout après le meurtre d’un flic dès le départ), avec ses nombreuses références et ses phases cultes (le fameux « Si vous n’aimez pas la montagne,…, allez vous faire foutre » accompagné d’un regard caméra improbable, et déclamé par cœur par Manu, quelques secondes avant la scène) et véritable reflet d’une société et d’une époque : ce film est d’un grand intérêt sociologique, en particulier le rapport entre les deux personnages principaux. Belmondo a la classe (mais hélas pas autant que Chow Yun Fat) et on sent à l’époque qu’il fait encore semblant et qu’il veut déjà être un grand. J’ai un peu du mal à m’identifier à ce personnage qui me ressemble trop, un gars qui rêve et qui s’en bat les couilles de tout. Et quelle mort de bolos.. Dommage. Et puis Godard avec sa tête de fouine qui va poucave quand il reconnait Bebel.

Attention, je ne renie pas son apport énorme au genre du film noir, et plus globalement du cinéma. C’est effectivement un film essentiel, qui remet en cause et questionne de nombreuses choses, dans la société et le cinéma.
Sinon, au niveau technique, il y a vraiment des trucs géniaux, comme ce plan séquence dans l’agence, où Belmondo suit son pote derrière le comptoir, suivit de la caméra mobile (sur fauteuil roulant me dit Jacki) et fluide, dans un long mouvement intéressant et grave bien cadré, ou encore les plans dans la rue, où tout le monde se retourne vers la caméra, ainsi que toute la séquence d’intro dans la voiture. Chapeau bas au chef-op, Raoul Coutard qui devait aussi faire le cadre, en mode petite équipe souple et efficace pour petit budget et moyens de production, ainsi que la monteuse, Cécile Decugis : il y a un pur sens du découpage dans ce film (évidemment Godard a du étroitement bosser au découpage et au montage en tant qu’auteur, mais mentionnons quand même les techniciens). Je me demandais d’ailleurs deux choses au niveau de la mise en scène : la fille qui se fait soulever la jupe est-elle prévenue ? et l’homme à terre est-il mort à cause d’un vrai accident ou simplement allongé devant une voiture le temps d’un plan ? Réponse la prochaine fois, ou alors dans la fiche du film que nous fera Jacki. Et cette longue scène de dialogue dans la chambre, sorte de négociation infinie et laborieuse autour d’un objet du désir et d’un mystère insoluble : les femmes. Les 2 claques que Bebel se prend dans la tronche résonnent tellement fort qu’on a mal pour lui, d’ailleurs si je m’en rappelle, c’est qu’elles m’ont marquées.
C’était donc intéressant de regarder le premier film de Godard, véritable manifeste de la Nouvelle Vague et d’un certain cinéma direct et brut, afin d’introduire un petit cycle sur cet auteur avec qui j’ai du mal, mais dont j’aimerai approfondir malgré tout l’étude pour mieux comprendre son impact et son importance.
Je pense qu’il y a des liens à faire entre les deux films présentés ce soir, malgré la distance géographique et leurs différences culturelles. Ce personnage, moins nihiliste chez Belmondo, est dans les deux cas en marge de la société et des règles, vit comme il l’entend et noue des rapports particuliers avec les femmes (quoique plus violent chez Fukasaku, les deux sont malgré tout empreints d’amour). Et puis leur fin tragique et violente, mais tellement prévisible.
Un double-programme éclectique mais plaisant à voir et à connecter.

Liens :
http://www.dailymotion.com/video/x3c1m_frank-zappa-city-of-tiny-lites_music (la video du clip de Frank Zappa)
http://www.blublu.org/sito/video/muto.htm (la video de Blu: Muto)
http://wildgrounds.com/index.php/2006/10/07/okita-le-pourfendeur-1972-kinji-fukasaku/ (la bande-annonce d’Okita le Pourfendeur, en fin de page)
http://www.youtube.com/watch?v=ihbr-drdNEs (celle du prochain film, Guerre des Gangs des Okinawa)

Eddie, le 30 mars 2009.

Horribilis (James Gunn. 2006)

Tout d’abord, j’aimerais remercier personnellement Stanley Lloyd Kaufman, fondateur de Troma Entertainment, pour avoir un jour lancé la carrière de James Gunn.

Tous mes remerciements à  James Gunn, d’avoir su garder son âme d’adolescent attardé pour nous plonger dans la nostalgie d’un bon film de série B des années 70-80 avec les moyens d’Hollywood. Horribilis se trouve être un film drôle avec ses personnages et ses dialogues stéréotypés. Sa cohérence vient notamment du fait qu’il est avant tout une revisite nostalgique mais « bankable » des archétypes d’un cinéma vintage et de seconde zone.  Je vous le conseille entre amis, en famille ou pendant les repas.

James, Stanley. Checkez ça les mecs

Grant Grant est homme d’affaires à Wheelsy, petite ville américaine, il aime sa femme Starla, mais elle, semble indifférente à son amour. Un jour pour se consoler, il boit trop et part se ballader avec une autre femme. Malhereusement, pendant la promenade, Grant Grant se fait transpercer par un dard sorti d’un cocon gélatineux extraterrestre. Après ce soir là, Grant Grant se transforme peu à peu en mutant dont le but est d’engrosser une mère porteuse afin que son espèce envahisse la Terre comme elle a toujours fait, sur d’ autres planètes, de galaxie en galaxie. Pendant ce temps, les habitants de Wheelsy attendent impatiemment le jour de la chasse au cerf, inconscients que cette année, ce sont-eux les proies d’une chasse mortelle.

Horribilis, c’est un peu le thème de La Belle et la bête mélangé à du steak haché.

PCJ séance n° 26

Frenzy (Alfred Hitchcock. 1972)

Tout d’abord, j’aimerais remercier personnellement Sir Alfred Hitch’ de m’avoir démontré qu’à 73 ans et 50 films, un master reste un master.  Où que tu sois Hitch’, je tiens à te dire que mon plus gros fantasme cinématographique serait que tu sois encore là, juste pour voir à quoi ressembleraient tes films aujourd’hui.

Frappe deux fois si tu m’entends Alfred.

Frenzy reste méconnu par rapport aux mastodontes hollywoodiens réalisés par Hitchcock (Psychose, Fenêtre sur cour, Les Oiseaux, Vertigo, La Mort aux trousses…). Tourné en Angleterre, Frenzy est l’avant dernier film du cinéaste. Il y reprend son fameux thème du faux coupable pourchassé à tort. Cette fois, la chasse a lieu dans une Londres populaire décrite avec un humour grinçant. Pour ce film, Hitchcock devient plus vulgaire et cynique. Du coup, son film prend un aspect à la fois réaliste et théâtral, moderne et classique, acide, terrifiant et drôle. On y trouve un grand nombre d’éléments nouveaux mêlés avec habileté avec les ingrédients déjà existants du cinéaste. Ce film parle de meurtre, de culpabilité, de sexe et de nourriture. Bon appétit.

« Ravissant… ravissant…ravissant… » (En version originale : « Lovely… Lovely… Lovely… »)

PCJ séance n° 18


 

Critters 2 (Mick Garris. 1988)

Tout d’abord, j’aimerais remercier personnellement Mick pour ce film qui a joué un grand rôle dans mon enfance. En effet, c’est dans l’attente inespérée de la sortie de Gremlins 3 que Critters 2 est venue étancher ma soif de petits monstres débiles au cinéma. Mais maintenant qu’on a bien rigolé, j’aimerais savoir quand sort Gremlins 3.

Bises Mick.

Les habitants de Grover’s Bend s’organisent pour la chasse annuelle des œufs de Pâques. Malheureusement, les œufs utilisés renferment des Critters, immondes boules de poils venues de l’espace. Au moment de l’éclosion, les monstres sanguinaires jaillissent et dévorent tout sur leur passage.

Ne sont-ils pas mignons?

PCJ Séance n°19. Deuxième film présenté par Eddie Calderon : Histoire de cannibales (Tsui Hark. 1980)